Irina Lankova : l'exaltation poétique

Irina Lankova développe avec authenticité un univers créatif personnel et complexe. De la tradition musicale russe, la pianiste déploie l’exigence expressive et virtuose en laissant libre cours à son intuition et à la narration. Elle met la technique au service d’une interprétation juste et sincère, avec cohérence et passion.

La liberté des émotions

C’est un coup de foudre qui éveille son amour pour Rachmaninov, à l’écoute d’une Élégie qui la touche droit au coeur : « j’étais bouleversée, elle m’a ouvert les portes d’un autre monde, plus intense et plus libre, qui correspondait à ce que je sentais intuitivement en moi. » Rachmaninov l’impressionnait car il suivait ses impulsions et ses émotions avec une intensité inconditionnelle et inspirante, bouleversant avec classe et dignité les conventions. Des chasseurs de talents la portent ensuite de ses cours de piano jusqu’aux murs de l’Académie de musique de Gnessine à l’âge de quatorze ans. Une éthique alors : rigueur, exigence et travail individuel.

Filiation et indépendance

A dix-neuf ans, cette âme indépendante rejoint Bruxelles pour se former au Conservatoire royal, auprès du professeur russe Eugène Moguilevsky (élève lui-même de Heinrich Neuhaus)… une filiation affirmée par les conseils de Vladimir Ashkenazy, tandis qu’elle puise son inspiration dans l’exemple des pianistes Emil Gilels, Dinu Lipatti, Grigory Sokolov ou Glenn Gould. Honorée par un premier Prix en 1997, puis par un diplôme supérieur au Conservatoire belge en 2000, Irina Lankova parcourt l’Europe de Londres à Nice, pour retourner à Bruxelles en 2013.

L’âme russe

Aujourd’hui établie sur la scène internationale, Irina Lankova joue Rachmaninov, Scriabine et Schubert selon une même approche intuitive et émotionnelle, précise et libre. Elle incarne la fougue de Rachmaninov, aussi élégante que débridée, la finesse spirituelle de Scriabine ou la mélancolie de Schubert avec entièreté et passion.

L’image comme contrepoint du son

Enrichies d’une charge poétique libre et personnelle, les interprétations d’Irina Lankova tissent volontiers des liens entre les arts : la littérature, la danse et, dans un tout nouveau projet, l’image. Elle élabore en duo avec la vidéaste Isabelle Françaix le spectacle Visions Goldberg, à partir des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach, dont la musique l’a toujours accompagnée. Trente-deux moments fugitifs, trente-deux métamorphoses forment un cycle de vie où l’image apparaît en contrepoint de la musique. Dans cette pièce des plus intimes du Cantor de Leipzig, cette rencontre de deux artistes, à travers la musique et un film, interroge avec sensibilité et émotion notre lien fondamental au vivant, au mystère du temps qui passe et à notre fragilité.

https://www.divertir.eu/ par Maxime Lopes, 03 décembre 2020