Visions Goldberg , concert multimédia

Irina Lankova, piano
Isabelle Françaix, vidéo

À la fin de sa vie, Bach a imaginé trente variations à partir d’une aria, de son apparition à sa métamorphose finale. Chaque variation est une quête inlassable de la simplicité, parfois jusqu’à l’abstraction. Chaque vision incarne à l’écran notre lien fondamental au vivant, au mystère du temps qui passe et à notre fragilité.

Visions Goldberg est un projet multimédia, avec la complicité de la vidéaste Isabelle Françaix. Les Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach sont accompagnées par la projection d’un film conçu pour chaque variation, trente-deux moments fugitifs, images et musique entrelacées.


Revue de presse:

Sidérant de beauté
Remarquable…
Fascinant…”,
La Libre Belgique, Martine Dumont-Mergaye

Désarmante authenticité…
L’Echo, Xavier Flament

ÉCOUTER / une construction savante et un voyage initiatique

Le nom de cette œuvre majeure, écrite pour clavecin en 1741, reste énigmatique tant les interprétations divergent à ce sujet sans avancer de preuve formelle. Il est établi cependant que Bach avait un étudiant talentueux nommé Johann Gottlieb Goldberg. Les Variations Goldberg comptent une aria (reprise à la fin du cycle) et ses trente variations. Celles-ci ne suivent pas la mélodie de l’aria, comme le suggère souvent la forme « variations » mais s’appuient sur sa ligne de basse et son harmonie.

Comme il y a trente-deux mesures dans l’aria, il y a trente-deux pièces dans ce cycle, en comptant l’aria initiale et l’aria finale.

La forme des Goldberg est très élaborée et leur écriture est polyphonique. Toutes les trois variations apparaît un canon* dont les intervalles sont en progression : la Variation 3 est un canon à l’unisson, la 6 un canon à la seconde, la 9 à la tierce et ainsi de suite jusqu’à la 27 qui est un canon à la neuvième. La variation finale, au lieu du canon à la dixième, désormais attendu, est un quodlibet tiré de chansons populaires et humoristiques.

* Le canon est une forme musicale polyphonique, ainsi qu'un procédé compositionnel basé sur l'imitation, dans lequel une idée musicale — le thème — s'énonce et se développe d'une voix à une autre. Le décalage produit un contrepoint.

Toutes les variations sont en Sol Majeur hormis les 15, 21 et 25 en sol mineur. Chaque variation se divise en deux moitiés prévues avec une répétition, que je n’exécute pas dans les Visions Goldberg, qui seraient trop longues ainsi combinées aux images. Le cycle entier se divise également en deux parties, la Variation 16, après la pause centrale, se nommant ‘Ouverture’. À la fin des trente variations, l’aria initiale revient clore le cycle.

Le retour de l’aria après trente variations ne peut être neutre pour personne, mais il peut être perçu de manières très différentes :
nostalgique, comme une réminiscence ;
triste et résigné, comme une fin inéluctable ;
le rappel d’une éternité,
d’une présence perpétuelle ;
le dernier maillon d’un cycle, d’une chaîne ;
un nouveau départ, un nouveau jour, une nouvelle vie... pourquoi pas ?
Quel qu’en soit le scénario, l’aria finale est sans aucun doute différente de celle du début, même si les notes en sont identiques.

Irina Lankova

VOIR / notre lien intime et fondamental à la nature

À la fin de sa vie, Bach a imaginé trente variations à partir d’une aria, de son apparition à sa métamorphose finale. On peut les ressentir comme un voyage sensible et spirituel, voire un cycle de vie.

En imaginant un contrepoint visuel aux Variations Goldberg, j’ai pensé au Yi Jing, le Classique des Changements : ce livre né il y a plus de 3000 ans en Chine reconstitue en soixante-quatre hexagrammes la roue des multiples états existentiels auxquels est confronté tout être humain, à travers la combinaison de huit éléments : le ciel, la terre, l’eau, le feu, la montagne, la brume, le tonnerre et le vent. En Orient comme en Occident, l’exploration de soi se retrouve dans la relation à la nature.

Un piano, un grand écran, quelques lumières subtiles et discrètes : nous avons saisi trente-deux moments fugitifs, image et musique entrelacées.

Chaque variation est une quête inlassable de la simplicité, parfois jusqu’à l’abstraction.
Sensuelle et vivante, elle touche notre intimité.
Chaque vision incarne à l’écran notre lien fondamental au vivant, au mystère du temps qui passe et à notre fragilité.

TOUCHER / un voile sauvage entre soi et le monde

Comment filmer la femme qui traverse les Visions Goldberg sans la figer au cœur d’une époque ? Comment la dévoiler à l’écran sans l’enfermer dans un costume ?
Cette question en suscite une autre : pourquoi une femme ?

Qu’il s’agisse d’un homme, le propos serait le même.
Mais la pianiste des Visions Goldberg est une femme : elle apparaît active et créative sur scène, purement sensitive à l’écran...

Cette dualité troublante raconte la complexité d’un être, ses non-dits, son énergie, ses sources. Habillée d’un voile, elle traverse les images et la vie en toute vulnérabilité.

Juste un voile de fibre naturelle,
un peu de lin et de jute,
pour capter la lumière
Un voile sauvage entre soi et le monde
Une lisière et une orée
Un passage
Une limite
Une peau d’âme

Isabelle Françaix

Visions Goldberg en concert

Visions Goldberg pour les engagements de concerts privés ou publics : production@limeandhoney.be